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FERDINAND MOSSELMAN

grande collerette de Valenciennes et sa blanche robe, dont l’opulent jupon se répandait en beaux plis moirés sur les ramages du tapis, à quelqu’une de ces chromolithographies qui montrent des reines soucieuses en face d’un grave et respectueux ambassadeur vêtu de velours et chaîné d’or.

Elle ne savait plus la présence du jeune homme, tant l’émotion avait brouillé son esprit.

Lui, cependant, appuyé, presqu’assis sur le clavier du piano, la regardait avec une tendresse angoissée et il sentait monter dans son âme l’exaltation des plus éperdus ténors. Il comprenait maintenant la crypte de Roméo, il approuvait Werther râlant sur le sol à côté de son pistolet. L’aboutissement tragique d’une passion lui paraissait une chose belle, consolante et logique, et il interdisait aux chroniqueurs de s’en moquer désormais…

Cependant M. Verhoegen avait engagé une bruyante partie de bac avec M. Kaekebroeck père et tous les convives s’étaient assemblés autour de la table à jeu.

Adolphine observait les deux jeunes gens à la dérobée : l’extatique réserve de Mosselman l’impatientait. Tout à coup, elle lui envoya dans