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chant… Je travaille des huit heures par jour, vous savez !

Elle ne mentait pas trop et c’est même ses roulades de klacson en délire qui exaspéraient leur cuisinière encore plus que ne faisait l’avarice de ses maîtres.

La cantatrice renifla un grand coup et, se rengorgeant :

— Vous connaissez l’air des Clochettes de Lakmé, n’est-ce pas ? C’est très difficile… Et bien, mon ancien professeur dit que je le chante maintenant encore mieux qu’au théâtre. Car j’y mets du sentiment, moi ! Le sentiment, c’est la chose principale… On en a ou on n’en a pas… Il y a des chanteuses qui ne savent pas même ce que c’est. Ainsi, par exemple…

Elle était lancée et jacassait sans même s’apercevoir de l’ahurissement de Charlotte, quand une rumeur lointaine, bientôt grossissante, domina les conversations et finit par éclater en terribles coups de gueule. C’était toute une bande de crieurs de journaux qui couraient à travers la rue, et, d’un gosier éraillé, clamaient une nouvelle à sensation.

— Eh bien, qu’est-ce que c’est maintenant ? s’écria Mme  Buellings saisie de peur.

Mme  Claes elle-même semblait très émue, car elle pensait au petit d’Adelaïde : cette trombe, en passant, ne pouvait-elle pas renverser la voiture de l’enfant ?

— J’espère, dit-elle, que Prosper n’est pas au milieu de ce vacarme ! Quoique les aboyeurs missent, eux aussi et à