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apparence que leur malheur, au fond, ne lui déplaisait pas. C’est alors qu’il avait engagé sa femme et sa fille à retourner chez les quincailliers sous prétexte de compatir à leur chagrin, mais en réalité pour les amadouer et préparer sa réconciliation avec eux. Toutefois les Claes, qui recevaient poliment la mère et la fille, n’avaient fait jusqu’à présent aucune espèce d’allusion au bourrelier dont le caractère envieux encore plus que le pessimisme décourageant, n’était pas fait pour les engager à renouer de sitôt avec lui. Néanmoins, les deux femmes ne se décourageaient pas, revenant presque toutes les semaines prendre des nouvelles des malheureux parents, mais sans parvenir à leurs fins.

Cependant Mlle Vergust, qui rendait à Hortense Buellings toute l’antipathie que celle-ci lui témoignait à cause de son opulente santé et de l’attrait qu’elle exerçait sur les galants du voisinage — notamment sur le fils du pâtissier Lavaert, élève au Conservatoire — s’était levée pour prendre congé. Elle serra la main des vieux Claes et, reprenant le bébé des bras de Charlotte, elle l’éleva dans les airs pour le contempler un instant avec admiration et le baiser ensuite délicatement de sa bouche vermeille :

— Och arm ! dit-elle en le rendant à Adélaïde, c’est un amour ! Il rit toujours et ne pleure jamais. Ah ! ça sera un jour un brave petit homme !

— Oh, oui ! s’écria la bonne Charlotte. Voyez comme il est bien bâti ! Ce sera un solide garçon et très intelligent, pour sûr !