Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant le bambin avait été replacé dans sa voiture et, tétait maintenant avec une voracité comique, pianotant le ventre du biberon ; ouvrant et fermant les yeux, ballonnant et creusant ses joues tour à tour sans le moindre souci d’être regardé comme une merveille de gourmandise par ces trois personnages extasiés, non plus que par Miaoutte qui, d’un bond subreptice venait de se percher sur le toit de la cabine téléphonique et, pelotonnée sur ses pattes, semblait, elle aussi, prodigieusement intéressée par l’appétit magnifique de ce nourrisson, plus rose encore que son museau…



L’heure violente étant passée, on se disposait à habiller le petit pour sa promenade habituelle sous les ombrages du Nouveau Marché aux Grains, quand le timbre de la maison résonna coup sur coup. C’étaient des visites. Charlotte De Bouck et Emma Vergust entrèrent ensemble, apportant aux quincailliers les amitiés de leurs parents. Elles venaient ainsi presque tous les dimanches s’informer de la santé des vieilles gens, avec un empressement d’autant plus vif que le plaisir de voir le nouveau petit Prosper y entrait pour une grande part. Leurs exclamations ravies retentissaient dans le magasin en duo harmonieux, où Charlotte faisait la partie haute et la charcutière le contralto. Car celle-ci, malgré l’opulence de sa ferme poitrine, indice