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sus de sa condition. Qui aurait jamais supposé quelle fût la fille d’un simple petit coiffeur ? Elle s’encadrait à merveille dans cette chambre meublée avec tant de sobre élégance ; et d’ailleurs n’eût-elle pas été à sa place et fait figure dans le plus beau salon du monde ?

— Je ne sais comment reconnaître votre bonté, répondit la riche négociante sur un ton de douceur qui la surprenait elle-même. Je vous remercie sincèrement. À votre tour, comptez sur moi : je veux vous aider dans vos bonnes œuvres. Dès demain, je donnerai des instructions à ma fille afin qu’elle double notre contribution hebdomadaire en remplissant votre corbeille…

Elle s’inclina légèrement :

— Je vous souhaite le bonsoir, Mademoiselle…

— Père va vous reconduire, Madame…

Déjà, le coiffeur s’était élancé pour ouvrir la porte de la chambre, heureux que cette visite ne se fût pas terminée en catastrophe.

— Par ici, Madame De Bouck ! Faites attention à la marche…

Tandis qu’ils s’aventuraient dans l’escalier tortueux, Martha demeurait pensive. Certes, elle n’espérait rien ; la riche négociante ne transigerait jamais avec son orgueil et ses préjugés bourgeois. Mais la pauvre enfant éprouvait quand même une sorte d’allègement de ce que la mère de son ami eût été enfin informée de leur secret. D’être connu de cette redoutable femme, il semblait que son amour en devînt