Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est peut-être une grande prétention de votre part, Mademoiselle, de croire que mon fils ne se remettrait pas d’un tel coup… J’ignore le degré de sa tendresse pour vous et les gages que vous lui avez donnés de la vôtre… Mais passons. Je veux être bienveillante. Laissons s’écouler quelque temps. Mais vous me promettez qu’un jour, lorsque les circonstances…

— Oh non, Madame, interrompit la jeune fille, c’est vous qui ferez connaître à M. Victor ce que vous avez résolu. Il décidera. Quant à moi, je n’en aurai jamais la force…

— Soit, j’aviserai moi-même, repartit la négociante avec dépit. Un mot encore : vous m’obligerez infiniment en gardant le plus complet silence sur cette absurde aventure… Il ne faut pas que le quartier…

— Oh ! soyez sans inquiétude. Madame, personne ne connaît notre secret, à part mon père et mon frère qui ne l’ont d’ailleurs appris que depuis peu… Oh, je vous le jure !

La charbonnière n’en doutait pas puisqu’il avait même échappé à sa propre sagacité.

— C’est bon, je vous crois, dit-elle sèchement. De mon côté, je m’engage à ne pas tracasser mon mari de cette sotte histoire. Je ne lui en parlerai même pas…

Et se tournant vers le coiffeur :

— Il n’aura donc jusqu’à nouvel ordre aucune raison de vous quitter, Monsieur, et cela vous mettra plus à l’aise avec un ancien client.

Si peu hardi qu’il fût de nature, Théodore se