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mais elle l’avait écarté comme trop flatteur pour eux. Sa fierté reprenait le dessus :

— Ce n’est que juste, repartit le coiffeur repris de gêne. Nous ferions tout pour M. Victor. C’est un si brave cœur !

— Et puis, ajouta la jeune fille, il a si bien soigné notre petite Clairette…

Mais ces explications n’atténuaient pas l’étonnement de la visiteuse :

— N’importe, dit-elle avec un semblant d’ironie, je trouve qu’on a déjà bien assez de ses propres peines sans s’émouvoir encore de celles qui ne nous regardent pas ou du moins qui n’affligent que des étrangers… Vous êtes vraiment trop bons…

Son esprit était soudainement traversé d’un étrange soupçon, car elle venait de se rappeler les fréquentes visites, que son fils avait faites aux « Peupliers » au cours du dernier été. Était-ce uniquement pour aller voir la petite Clairette qu’il partait ainsi tous les dimanches, gai comme un pinson et vêtu avec une recherche de coquetterie dont il n’était pas coutumier ? Et pourquoi donc, au retour de ces courses champêtres ne parlait-il jamais de Martha dont la beauté charmante ne pouvait certes pas laisser un jeune homme si indifférent… Ce silence commençait à fortifier ses soupçons quand, soudain, elle se récria en apercevant sur l’étagère, devant une touffe de giroflées hâtives, la souriante image, de son fils.

— Comment, vous avez son dernier portrait ! Ce n’est pas lui qui vous l’a envoyé, je suppose…