Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! je savais bien que vous me cachiez la vérité…

Il n’y avait plus d’échappatoire possible.

— Eh bien oui, fit le coiffeur d’une voix qu’assourdissait l’émotion, il vaut mieux que… Et puis un jour plus tôt ou un jour plus tard…

— Parlez au nom du ciel !

— Rassurez-vous, Madame De Bouck… Seulement, M. Victor est parti pour tâcher de retrouver son ami Claes, vous comprenez… Et alors… alors il a été blessé…

— Mon Dieu, fit la charbonnière, Victor est blessé ! Et vous avez eu la cruauté de nous… Oh !

Elle était retombée sur la chaise et se passait la main sur le front dans une pose accablée :

— Expliquez-moi… Expliquez-moi !

Cependant Martha s’était redressée :

— Eh bien, dit-elle d’une voix encore mal affermie, dans son avant-dernière lettre, James nous apprenait déjà que M. Victor venait de partir pour retrouver le corps de M. Prosper, entreprise hardie à cause de la boue et des obus que les batteries ennemies continuaient à lancer sur ce marais de la mort… Et c’est pourquoi, Père n’a pas voulu la montrer à M. De Bouck… Or, ce matin, nous avons reçu un nouveau courrier nous annonçant que M. Victor avait été blessé par un éclat de bombe au cours de ses recherches sur le champ de bataille. Il a pu heureusement être relevé tout de suite et transporté à l’ambulance de Furnes. La blessure serait grave, mais James nous assure que son compagnon n’est pas en péril de mort…