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reprocher quelque chose et je répondrai d’une bonne langue !…

En effet, elle l’avait assez bien pendue et son mari le savait peut-être mieux que personne. Quoi qu’il en soit, le brave homme attendait impatiemment le retour de la bonne saison, laquelle, en réduisant les besoins du chauffage, supprimeraient ces files de commères qui jacassaient devant la maison avec d’autant plus de véhémence qu’elles ne pouvaient gesticuler que de bouche, leurs mains étant embarrassées de sacs, de seaux et de récipients de toutes sortes.

Il se disait encore que l’hiver prochain serait peut-être tardif, peu rigoureux et que la guerre aurait pris fin à la grande confusion des accapareurs. Car il lui était égal de subir un gros dommage, voire de tout perdre, pourvu que son fils rentrât sain et sauf à la maison. À cet égard, le tranquille optimisme de sa femme ne le persuadait qu’à demi : le caractère généreux de Victor ne pouvait-il pas l’entraîner au-delà de son strict devoir, lui faire refuser des tâches trop simples ?

Si les lettres du jeune homme, pleines de confiance et de bonne humeur, parvenaient un moment à calmer ses craintes, il n’en était pas de même de celles de Claes et du fils de Théodore qui ne se faisaient pas faute de vanter la conduite de leur ami, autant que ce dernier aimait du reste à exalter le mérite de la leur.

C’est ainsi que le brave homme perdait de jour en jour un peu plus de sa douce placidité ;