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CHAPITRE IV



Mme  De Bouck était une grande femme très sèche, qui dirigeait les affaires et le ménage avec une égale autorité.

Fille unique d’honnêtes marchands de charbons dont le commerce avait périclité, elle s’était vue contrainte à la mort de ses parents, et malgré ses diplômes de normalienne, de se placer comme demoiselle de magasin à la « Bobine d’Or », la grande bonneterie de la rue de Flandre où De Bouck, ci-devant placier en articles de lingerie, l’avait un jour remarquée et bientôt conquise par ses manières déférentes et sa bonhomie.

Intelligente, pleine d’initiative, c’est elle qui, au lendemain des noces, avait engagé son mari à déposer sa marmotte pour reprendre un commerce de charbons avec les quelques milliers de francs qu’elle apportait en dot.

Très soumis déjà, confiant du reste dans les facultés de sa femme, le placier avait tout de suite quitté sa profession pour s’installer au Marché aux Porcs, dans un vieil immeuble d’assez pauvre apparence, mais dont le vaste et profond vestibule offrait l’avantage de pouvoir servir de magasin de charbon. Quelques brouettes suf-