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— Je devine peut-être… Eh bien, chère amie, si je vous l’apportais ce « quelque chose d’autre » comme vous dites ?

— Oh ! Monsieur Prosper, ne vous moquez pas d’une pauvre fille !

— Hé, petite, je ne plaisante pas du tout. Avez-vous donc perdu la mémoire ? Ne vous l’ai-je pas promis un soir, à cette même place, « qu’on vous le ramènerait votre joli garçon » ?

— Eh bien ? interrogea la jeune fille dont le corsage se mit à palpiter.

— Eh bien ! apprenez que Louis vient de rentrer à Bruxelles… Il m’a accompagné jusqu’ici… Mais, le croiriez-vous, il est devenu si timide qu’il n’a pas osé entrer avec moi…

— Où est-il ? Où est-il ! s’écria-t-elle haletante.

— Ma foi, il se promène dans la rue en attendant mon signal… Alors, est-ce que vous tenez absolument à ce que j’aille le chercher ?

C’en était trop ; à cette question railleuse, la jeune fille pâlit et ne put répondre autrement qu’en s’affaissant sur un escabeau où elle demeura prostrée contre le grand coffre frigorifique…



Quand elle rouvrit les yeux, un bel officier, la tempe étoilée d’une large et rose cicatrice, se tenait humblement agenouillé devant elle :

— C’est moi, dit-il sourdement comme un autre Werther ; sur le seuil de la porte, j’hésitais encore… Emma, chère Emma, est-ce que, maintenant, vous m’avez pardonné ?