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fait preuve de tant d’énergie en des circonstances critiques, restait sous le coup d’une bien grave nouvelle…

Lors de la dernière et victorieuse offensive belge, Louis Lavaert était tombé dans un assaut, la tempe fracassée d’un éclat de shrapnell. Transporté à l’hôpital de Furnes, le brave lieutenant n’avait échappé la mort que par miracle. À peine convalescent, sa faiblesse ne lui avait pas permis de paraître à la tête de son bataillon en ce jour fameux de la Joyeuse Rentrée. Quel ennui ! Le pauvre garçon devait encore attendre de longues semaines avant de pouvoir être ramené à Bruxelles. Sans doute, le père Lavaert était-il déjà accouru à son chevet ; mais quelque réconfort que lui donnât la présence de l’excellent pâtissier-confiseur, le jeune homme ne souriait que bien tristement, très préoccupé, inquiet surtout d’une future rencontre… Ah ! si son visage balafré l’obligeait de renoncer à ce doux rêve d’amour qui l’avait tant encouragé à ne pas mourir ?…

Le « petit Louis » n’était plus le même. Dégoûté de se mettre dans la peau de personnages imaginaires, il était rentré dans la sienne estimant que c’est encore celle qui lui allait le mieux. Il avait cessé de débiter des rôles, d’enfler la voix, de s’enivrer d’apostrophes lyriques. Il parlait maintenant d’une façon toute naturelle, sans emphase, presque aussi mal que tout le monde…

Nulle mimique déclamatoire n’accompagnait plus ses moindres paroles ; il avait maté ses bras