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— Oh ! c’est bien gentil de votre part… Mais qui est ça ?

— C’est le plus fort abatteur de Cureghem !

— Œie non ! gémit-elle épouvantée ; ça je ne sais pas si…

— Mais c’est un bon métier ! Et comme ça vous sauriez avoir de la viande et du cuir pour rien !

C’était un argument. Elle réfléchissait : au fait, il ne fallait pas refuser si vite et faire les dégoûtés :

— Eh bien, je ne dis pas… Amenez-le une fois sans faire semblant de rien…

Or, un mois ne s’était pas écoulé que la sèche Hortense, fiancée à M. Fernand Vuilsteke, abatteur à Cureghem, rouvrait son vieux piano.

Ressuscitée, Lakmé chantait de nouveau. Toutefois, abandonnant le gargarisme des Clochettes, elle ne soupirait plus maintenant, la main sur sa poitrine abstraite, que la suave cantilène finale « Tu m’as donné le plus doux rêve… »

Tant il est vrai que l’Amour est le grand maître d’illusions qui poétise les plus féroces réalités…



Cependant, au milieu de tous ces apprêts de fête, un cœur demeurait encore anxieux et mélancolique, incapable de battre à l’unisson de la joie générale ; et c’était le tendre cœur de la blonde Emma Vergust. Rien de plus compréhensible pourtant : cette belle fille, qui avait