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de personne ? Pareille injure ne se pouvait concevoir.

Tombée du haut de ses rêves, Hortense n’avait plus osé se montrer nulle part depuis l’armistice. Lakmé ne chantait plus l’air des Clochettes ; son visage blafard restait fermé et nul Nilakanta n’eût été capable d’y ramener la grimace qui lui tenait lieu de sourire.

Vierge mûre, lui faudrait-il maintenant se rabattre sur le premier venu ? Encore, d’où sortirait-il celui-là ? Dans la sphère de leurs relations, vers quelque point cardinal qu’ils tournassent les yeux, le bourrelier et sa femme ne le voyaient poindre d’aucun côté…

À chaque visite du pitoyable Vergust, la pauvre Mme Buellings s’épanchait volontiers avec lui sur l’injuste sort d’Hortense. Comprenait-on qu’elle demeurât sans prétendant lorsque, pardessus ses autres avantages, elle avait celui d’être fille unique, si riche d’une belle dot et de tant d’espérances ?

— Ah ! soupirait-elle, les jeunes gens d’aujourd’hui ! Tous des imbéciles !

— Allons ! ne vous tourmentez pas, lui dit un jour le tripier en veine de consolation ; avec sa dot, Mlle Hortense ne sera pas gênée de trouver un bon parti… Et tenez, moi je connais un gaillard qui ferait peut-être bien son affaire…

— Vous croyez ? fit la bonne femme intriguée.

— C’est un veuf qui veut avoir de nouveau un intérieur… Un homme encore d’attaque, savez-vous, avec une belle position. Est-ce que je veux une fois vous le présenter ?