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chère, dit-elle sans prendre garde à l’émotion qui altérait le visage de Camille, vous assisterez à cette fête magnifique. Non, vous ne resterez pas à l’écart… Et d’abord, c’est votre Prosper lui-même qui vous commandera d’acclamer ses amis !

La jeune femme hochait la tête : il ne fallait pas lui demander l’impossible en ce moment ; les cris de joie, les fanfares lui seraient insupportables ou du moins trop pénibles à entendre. Elle voulait s’en aller ; demain, elle partirait avec Péro pour les « Peupliers ».

— Non, Camille, il faut que vous demeuriez ici… Et moi, je suis sûre que vous resterez et que…

Elle semblait hésiter à poursuivre ; puis, avec un accent de foi absolue :

— Et que vous mettrez votre robe blanche pour « les » voir passer !

En même temps, elle enlaçait la jeune femme et, dans une étreinte frémissante :

— Camille, Camille, je vous parais sans doute insensible, mais vous ne savez pas, vous ne savez pas ! Le bonheur approche peut-être avec nos chers soldats… Le bonheur pour tout le monde !

La jeune fille avait depuis longtemps quitté la chambre que Camille demeurait pensive, cherchant à démêler le sens des propos de son amie. Bien qu’ils ne lui parussent que des mots vides, réflexes d’une tendresse encore exaltée par la joie, ils la remuaient pourtant d’une sorte d’espoir vague, d’une attente de quelque chose d’im-