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lit où l’enfant contemplait dans un silence émerveillé les planches de son livre.

— Ah, mon pauvre Péro ! soupira-t-elle en le pressant contre sa poitrine.

— Oh ! mère, pourquoi est-ce que tu pleures ? fit le petit garçon en lui rendant ses caresses. Je suis guéri…

Martha les regardait tous deux… Elle ne parlait plus, mais sa figure, sans perdre de son animation rayonnante, trahissait les efforts qu’elle faisait pour contenir les mots que son cœur projetait à ses lèvres…

Elle tomba aux genoux de son amie :

— Oh ! pardonnez-moi, chère Camille. Je vous parais sans doute bien cruelle de vous parler de Lui si familièrement et comme s’il était près de nous… Mais c’est plus fort que moi… Je ne puis croire, je ne puis admettre qu’il soit absent pour toujours… Ne désespérez pas… Votre vie n’est pas brisée : elle vous ménage encore de grandes joies. Oh ! j’en suis sûre, un jour tout recommencera, un jour nous serons tous heureux !

Il y avait tant de conviction dans ces paroles pathétiques que la jeune femme, angoissée, frémissait de retrouver au fond d’elle-même cet espoir vague, sourd, qui la hantait par moment depuis la visite du vénérable missionnaire.

Aussi bien, la fille de Théodore lui imposait en quelque sorte ; les informations sûres qu’elle obtenait du front, ses connivences avec Lust, Emma Vergust et des messagers secrets en fai-