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tes ces belles histoires que je vous raconte sur Lui doivent encore augmenter votre peine… Mais ç’a été plus fort que moi ! Non, je ne dirai jamais assez combien Monsieur Prosper a été bon pour nous et la reconnaissance que nous lui devons. Quel brave cœur ! Ah ! comme mon cher Victor en parlait bien ! Il l’aimait comme son frère…

Et, de nouveau, sa gratitude débordait de son âme en gentilles paroles qui attendrissaient Camille sans dissiper le malaise que lui causait une apologie si peu faite pour encourager sa résignation.

Très pâle, partagée entre l’étonnement et la tristesse, elle fixait sur la jeune fille des regards à la fois désolés et scrutateurs, cherchant à deviner la cause de cet entrain qui la faisait parler avec tant de volubilité et d’insouciance expansive :

— Vous avez sans doute reçu de bonnes nouvelles des vôtres ? dit-elle comme pour s’expliquer une si étrange attitude.

— Non, répondit la jeune fille, mais je ne suis plus inquiète. J’ai des pressentiments heureux… La guerre finira bientôt. Quelle délivrance ! Ah ! l’inexprimable bonheur d’acclamer nos chers soldats victorieux !

Cette fois, Camille s’était détournée pour dissimuler l’émotion que lui causait une perspective si belle, mais à quoi se mêlait tant d’amertume chez tous ceux qui ne devaient pas revoir le héros tombé dans la bataille. Incapable de se maîtriser plus longtemps, elle s’affaissa sur le