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poing sur la hanche, comme une servante du vieux répertoire :

— Est-ce que vous avez bientôt fini, vous, d’embêter Monsieur avec vos histoires ! Et puis, je vous défends de dire du mal de notre Prosper… Si c’est pour ça que vous venez ici, vous pouvez rester chez vous !

Buellings, interloqué d’abord, voulait le prendre de haut avec la commère. Mais il ne connaissait pas Adélaïde qui profita de l’occasion pour lui dire ses quatre vérités.

— Je m’en vais, grinça-t-il frémissant de colère. Mais prenez garde seulement… Je sais beaucoup de choses…

— Allez, s’écria Mme Lust, nous n’avons pas peur de vous. Bougez une fois et vous m’en direz des nouvelles… Nous aussi, on sait beaucoup d’histoires sur votre compte…

Elle en prenait son mari à témoin :

— Hein, Jan ?

Quelle était cette menace ? Une allusion peut-être au fameux stock de cuirs précieux qu’il avait mis en lieu sûr pour le soustraire aux réquisitions éventuelles de l’occupant. Saisi de crainte, épouvanté au surplus par l’attitude furieuse de Tom qui menaçait de lui sauter à la gorge, Buellings s’était sauvé sans demander son reste.

— Bon débarras ! Maintenant on en est quitte pour longtemps, savez-vous !

Et comme le quincaillier, sortant enfin de l’ahurissement où l’avait plongé cette altercation, risquait quelques timides paroles :