Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quant à sa femme, elle était atterrée. Afin de donner le change, elle se peignait à présent comme Jézabel pour trôner au comptoir, tant son visage, reluisant et vermeil, pâlissait sous les inquiétudes ; sans doute était-elle mieux au courant que son mari des faits que l’on pouvait imputer à sa fille.

Une minutieuse perquisition dans les appartements de la triperie n’avait amené la découverte d’aucun papier si peu compromettant que ce fût. Aussi Vergust se rassurait-il, plein de confiance du reste dans l’adresse de la prisonnière pour recouvrer bientôt sa liberté. Le ralentissement de ses affaires ne le préoccupait donc nullement.

— Ça ne fait rien, disait-il. Quand Emma sera relâchée, vous verrez quelque chose ici ! On se battra pour entrer.

Toutefois, cet événement si soudain le plongeait parfois en de profondes réflexions. Sur quels indices, les policiers étaient-ils partis en campagne ? Il accordait tant de prudence à sa fille qu’il cherchait en vain ce qui avait pu attirer les soupçons sur elle. Car la simple rumeur publique n’était pas une preuve suffisante, irréfutable.

Enfin, l’officieux Mosheim, qui de temps à autre revenait le voir dans le but d’obtenir de la saucisse à des prix défaveur, lui révéla qu’Emma avait été arrêtée sur la dénonciation d’une lettre anonyme où on l’accusait d’entretenir une active correspondance avec le front.

Le tripier était si candide qu’il se demanda