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se comprend, et c’est ! e bon moment de le vendre. Car à la fin de la guerre, l’Amérique enverra tant de peaux à Anvers qu’on les aura pour rien !

— De ça, je n’ai pas peur !…

— Vous verrez, déclarait Vergust, avec aplomb ; je le sais du secrétaire de Brand Witlock lui-même.

Buellings haussait les épaules. N’empêche que sa confiance était ébranlée. Ce satané tripier pouvait avoir raison. En effet, la prudence commandait peut-être d’écouler une partie de ses réserves. D’ailleurs, au prix actuel, le bénéfice du marché avait de quoi satisfaire l’âme la plus cupide. Mais comment déterrer la marchandise ? Elle était si profondément cachée qu’une véritable démolition s’imposait pour la remettre au jour. Or, le sellier se sentait incapable d’entreprendre tout seul ce travail d’Hercule pour lequel il n’entendait recourir à l’aide de personne, pas même à celle de sa femme dont il redoutait la maladresse et le bavardage. Au surplus, le vacarme d’une telle besogne n’éveillerait-il pas la curiosité des voisins ?

Il enrageait à présent d’avoir si hermétiquement enfermé son trésor et s’affolait à la pensée que toute sa prévoyance ne tournât en définitive contre lui.

Cependant, Vergust, voyant sa perplexité redoublait de précisions alléchantes ; il connaissait justement quelqu’un qui aurait acheté tout le cuir disponible à n’importe quel prix. Ah ! quel dommage que le sellier n’en eût pas gardé