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CHAPITRE II



Dans ses courses matinales, Martha n’entrait chez les Claes qu’à la fin de sa tournée. Elle se réservait la quincaillerie comme une sorte de récompense, sûre d’y oublier fatigues et rebuffades dans l’accueil chaleureux de ses hôtes, car il n’en était pas de plus sincèrement émus de la détresse populaire, ni de plus prompts à la soulager. Leur générosité ne se bornait pas à quelques contributions périodiques aux œuvres de secours ; insatisfaite, toujours en train de bonnes actions, elle recherchait les infortunes laborieuses, héroïquement muettes, pour leur venir en aide sans les humilier.

Les Claes ne cessaient de penser aux autres malgré la tristesse sans trêve que leur causait l’absence de Prosper. Avec Martha et le charbonnier De Bouck, ils déchargeaient leur cœur ; personne qui pût mieux les comprendre, les intéresser par l’effusion de leurs propres soucis. Et puis, Prosper, James et le petit De Bouck ne formaient-ils pas un trio de frères d’armes ? Pas