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CHAPITRE XII



Théodore achetait la Gazette de Hollande chaque fois qu’elle « passait », c’est-à-dire de temps à autre.

Malgré son esprit germanique, cette feuille était bien obligée de publier les correspondances des fronts alliés, à peine de perdre beaucoup de clients. Quoique les commentaires de la rédaction ne fussent pas toujours d’une impartialité rigoureuse, les nouvelles n’étaient généralement pas déformées à la manière allemande, de sorte que la lecture de ce quotidien était, sinon toujours réconfortante, moins déprimante que celle des vils organes publiés en Belgique sous le contrôle du pouvoir occupant.

Un soir que le coiffeur, qui ne traduisait pas très couramment le hollandais, était enfoncé dans le déchiffrement d’une lettre émanant d’un soldat anglais combattant en Flandre — et dont le traducteur avait laissé subsister quelques expressions topiques — il poussa tout à coup une exclamation de surprise attendrie :

— Écoute donc, dit-il à Martha qui rangeait silencieusement le ménage, est-ce que tu sais croire ça, toi ?

Le soldat, gisant sur le champ de bataille, assu-