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L’ÉTOILE DE PROSPER CLAES

d’une clientèle justement affolée de la hausse quotidienne du boudin et des tripes.

Quel plaisir aussi de faire enrager son compère Buellings par l’étalage d’une munificence si intelligente puisqu’elle rapportait cent fois plus qu’elle ne coûtait ! Le sellier en devenait chaque jour plus sec et plus jaune, fulminant, dans ses éruptions de bile, contre ces marchands de vivres que la guerre enrichissait aux dépens des autres commerces. Mais ces exploiteurs n’auraient pas son argent, dût-il se serrer le ventre et crever de faim !

— Je ne vais plus chez vous, disait-il au charcutier épanoui ; voilà que votre tête pressée est à deux cinquante la demi-livre, maintenant ! C’est un scandale. Et Dieu sait ce que vous fourrez dans cette cochonnerie !

— Ce que je fourre-là dedans ? Mais tout ce qu’on sait trouver le jour d’aujourd’hui : de la souris, du rat, un peu de mina Puss et encore quelque chose pour donner le bon goût, vous comprenez… Mais ça je ne dis pas : c’est mon secret !…