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busqués et leurs parents. Ah ! s’il avait eu seulement dix ans de moins !…

— Vous dites ça, faisait le tripier goguenard, mais vous êtes bien content de ne pas être plus jeune…

— Parole d’honneur ! s’enrageait le pâtissier en frappant du poing sur la table. Et tenez, il y a des moments où je me demande si…

Il s’arrêtait de parler comptant sur l’effet de cette réticence.

— Qu’est-ce que vous vous demandez ? repartait Vergust, si vous n’iriez pas faire des « patéies » au front ? Mauvaise affaire, car vous ne sauriez pas les vendre aussi cher qu’ici !

Mais le pâtissier se contentait de hausser les épaules. Et attendant, il dénonçait à l’indignation du quartier le boulanger Decock établi quelques maisons plus loin, lequel s’était avisé de faire de la pâtisserie soi-disant bourgeoise avec de la farine prélevée vraisemblablement sur les sacs de l’alimentation. Oh, ce n’était pas cette concurrence qui fâchait l’orateur ! Mais Decock avait deux fils en âge d’être soldats, qui ne s’étaient pas encore engagés. Encore si ces gaillards se fussent occupés à quelque chose ! Mais non, ils flânaient toute la journée en chantant, pour comble, des airs de bravoure !

— Oui, depuis le matin, ils sont en train de gueuler « Toréador en garde ! » et « Gloire immortelle de nos aïeux ! ». C’est un peu fort ! Je ne sais plus les entendre. La première fois que je les rencontre je leur f… ma main sur la figure !

Mais ces rodomontades ennuyaient Buellings