Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il fit des cures heureuses et sauva nombre de soldats d’une cécité complète. Dans ses lettres clandestines, il ne disait rien de son renom grandissant ; mais celles de James De Leuw, moins discrètes, s’en faisaient l’écho enthousiaste.

Si le médecin parlait peu de lui en dehors de ce qui regardait sa santé, en revanche il ne tarissait pas sur la bravoure de son compagnon et la popularité dont il jouissait au régiment. À diverses reprises, on avait offert à James un emploi d’interprète auprès de l’état-major, étant donné qu’il parlait couramment l’anglais. Mais il l’avait décliné ne voulant pas quitter ses vaillants camarades. Son courage, sa dextérité, son sang-froid surtout l’avaient tout de suite recommandé à l’attention des chefs. C’était un troupier modèle et un « good humoured fellow ». Ami de la chance et du hasard, il n’avait encore reçu que de légères blessures.

Promu sergent depuis la dernière rencontre, on venait de le désigner pour l’école militaire de Gaillon, où l’on formait hâtivement de jeunes officiers avec les soldats d’élite.

Cette nouvelle valait à Théodore une foule de compliments dont il n’osait trop se réjouir à la pensée du rôle encore plus militant que son fils remplirait par la suite. Confiante dans l’avenir depuis la guérison de son ami, Martha tâchait à réconforter le brave homme ; mais, quant à elle, sa vie, très occupée, ne lui laissait guère le temps de s’abandonner à de sombres prévisions. Au surplus, son cercle de relations s’étendait de plus en plus. Elle voyait maintenant Charlotte