Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous êtes une bonne petite, dit le paralytique. Oui, il faut le distraire car ça doit être dur pour ce pauvre ami de rester maintenant tout seul à la maison avec sa vieille Catherine…

Le boisselier avait enfin promis de venir les voir cette semaine :

— Vous comprenez qu’on parlera des braves enfants, continua le vieillard en retenant la main de la jeune fille dans les siennes. Et puis, on va essayer de reprendre nos parties de cartes avec lui et votre papa… Ça nous fera peut-être oublier pour un moment notre chagrin. Allons, chère petite, bien des compliments n’est-ce pas et revenez le plus souvent possible.

La jeune fille venait à peine de se retirer que Lust apparut, guêtre jusqu’aux genoux, un panier en bandoulière, une canne de jonc sous le bras gauche et un journal déplié dans la main droite. Il rentrait d’une partie de pêche le long du canal. Son air d’extrême agitation, vraiment inusité chez un pêcheur à la ligne, inquiéta tout de suite les quincailliers.

— Eh bien mon ami, dit le père Claes avec reproche, vous avez eu le courage d’acheter ce sale papier ? Ça m’étonne de votre part…

— Excusez patron, mais j’ai cru bien faire…

— Ah ! et pourquoi donc ?

— Je vais vous dire ? C’est parce que…

Il hésitait à poursuivre.

— Allons, insistèrent les deux vieux, qu’est-ce qu’il y a ?

— Eh bien, j’ai rencontré Bernard à la porte