Page:Cournot - Essai sur les fondements de nos connaissances.djvu/98

Cette page n’a pas encore été corrigée

semble appartenir au type général de l’animalité, tandis que la batterie électrique ne figure que comme un détail accessoire et tout spécial, dans un type d’organisation très-particulier ; si, d’autre part, l’un sert à une fonction très-importante et se trouve approprié à la satisfaction d’un besoin très-général, tandis que l’autre ne remplit qu’une fonction accessoire pour un besoin que la nature a une multitude d’autres moyens de satisfaire, la raison de cette différence ne saurait être dans la disparité et dans l’inégale importance du rôle des agents physiques, à l’influence desquels la nature animale ne ferait que céder docilement : il faut qu’elle se trouve dans des lois propres à la nature animale. On se convainc d’autant plus de cette autonomie que l’on pénètre plus avant dans la connaissance de l’organisme. Alors on s’aperçoit que la fonction d’un organe et le service que l’animal en tire pour la satisfaction de tel ou tel besoin, ne sont pas ce qu’il y a pour cet organe de plus fondamental, de plus fixe et de plus caractéristique. Tandis qu’un type fondamental et persistant quant à ses traits généraux va en se modifiant d’une multitude de manières quant aux détails, dans le passage d’une espèce à l’autre, l’organe dont on ne peut méconnaître l’identité à travers toutes ces modifications successives remplit souvent des fonctions très-diverses ; et, réciproquement, les mêmes fonctions sont remplies par des organes très-nettement distincts. En un mot, l’organe ne peut en général se définir par la fonction qu’il remplit ; l’attribution de telle fonction à tel organe paraît être le plus souvent un accident, et non ce qui caractérise essentiellement l’organe, ni ce qui en détermine les rapports fondamentaux avec tout le système de l’organisme. Or, si le monde physique et la nature vivante, gouvernés respectivement par des lois qui leur sont propres, qui ont leurs raisons spéciales, se trouvent mis en présence et en conflit, l’harmonie qui s’observe entre les unes et les autres, pour l’accomplissement des fonctions et la satisfaction des besoins de l’être vivant, en tout ce qui excède la part qu’on peut raisonnablement attribuer à des influences et à des réactions mutuelles, ne saurait être imputée qu’à une coïncidence fortuite, ou bien à la finalité qui gouverne les déterminations d’une cause supérieure, de laquelle relèvent