Page:Cournot - Essai sur les fondements de nos connaissances.djvu/608

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE XXV Résumé.

396. — Après tous les développements dans lesquels nous sommes entré, après toutes les applications que nous avons essayé de faire, si nous voulons résumer en quelques pages la doctrine qui fait la substance de ce livre, il faudra d’abord rap- peler cette phrase de Bossuet, que nous avons déjà citée (17) : « Le rapport de la raison et de l’ordre est extrême. L’ordre ne peut être remis dans les choses que par la raison ni être entendu que par elle : il est ami de la raison et son propre objet. » En effet, l’on a pu voir, par tout ce qui précède, qu’il y a les rapports les plus intimes entre l’idée de l’ordre et l’idée de la raison des choses, ou plutôt que c’est la même idée sous deux aspects différents. Concevoir qu’un fait est la raison d’un autre fait, qu’une vérité procède d’une autre vérité, ce n’est autre chose que saisir des liens de dépendance et de subordination, c’est-à-dire saisir un ordre entre des objets divers ; et cette dépendance ne nous frappe, n’est aperçue par nous, que parce que nous avons la faculté de comparer et de préférer un arrangement à un autre, comme plus simple, plus régulier et par conséquent plus parfait ; en d’autres termes, parce que nous avons l’idée de ce qui constitue la perfection de l’ordre, et parce qu’il est de l’essence de notre nature raisonnable de croire que la nature a mis de l’ordre dans les choses, et de nous croire d’autant plus près de la véritable explication des choses, que l’ordre dans lequel nous sommes parvenus à les ranger nous semble mieux satisfaire aux conditions de simplicité, d’unité et d’harmonie qui, selon notre raison, constituent la perfection de l’ordre.