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CHAPITRE XXIII

Des caractères scientifiques de la psychologie, et de son rang parmi les sciences.

349. — Les philosophes ont tant parlé, depuis un demi- siècle, de la psychologie et de l’observation psychologique ; il y a entre l’étude psychologique de l’homme et la spéculation philosophique des rapports si intimes, que nous croyons devoir, à la suite de l’esquisse du tableau général des connaissances humaines, entrer dans plus de développements sur ce qui concerne la psychologie, ses principes, ses méthodes et ses connexions avec les autres branches du savoir humain. Ce sera là le terme de la tâche que nous nous sommes imposée en entreprenant cet Essai.

350. — Ce qui frappe d’abord, dans le passage de la physiologie à la psychologie et des phénomènes de la vie animale aux phénomènes de la vie intellectuelle (127), c’est l’impossibilité d’assigner avec précision le point d’insertion d’une vie sur l’autre, ou l’origine fixe de la série des phénomènes psychologiques. Les psychologues qui ont eu la prétention de se tenir le plus près de la nature, de décrire avec le plus de circonspection et de netteté le développement graduel des fonctions de l’intelligence, ont tous pris le phénomène de la sensation pour le point de départ de leurs descriptions, pour la première assise de leurs constructions théoriques. Mais, que de degrés, que de modifications dans la sensibilité, et que de variétés dans ces affections que nous comprenons toutes, faute de pouvoir les bien discerner, soue le terme générique et abstrait de sensation ! Au degré le plus inférieur, nous devinons plutôt que nous ne constatons la présence, dans les tissus élémen-