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CHAPITRE XV

Des racines logiques et des définitions.

218. — Les grammairiens et les philologues entendent par racines, ou par mots radicaux, des mots en petit nombre (comparativement à tous ceux qui entrent dans le vocabulaire d’une langue), ordinairement d’une composition phonétique plus simple, et même le plus habituellement monosyllabiques (du moins dans les langues qui ne sont pas formées des débris de beaucoup d’autres) : mots qui, par leur aptitude à recevoir des inflexions, des désinences et des modifications diverses, deviennent chacun la souche d’une famille de mots dont les différentes acceptions tiennent de près ou de loin à la valeur du mot radical. On sait généralement de nos jours que l’étude des racines linguistiques est l’une des plus intéressantes que l’on puisse se proposer, une de celles qui jettent le plus de clarté, non seulement sur les origines des peuples, mais sur la marche et sur les procédés de l’esprit humain.

Toutefois tel mot est racine dans un idiome, dont l’équivalent est dérivé dans un autre ; tel mot radical peut et doit manifestement se définir par un système de mots dérivés. On conçoit donc un ordre de recherches dans lesquelles, abstraction faite de la forme matérielle des éléments du discours dans les différents idiomes, on se proposerait d’assigner d’une part les mots qu’il faut considérer comme primitifs ; d’autre part les mots qui doivent être réputés jouer le rôle de signes secondaires, attendu qu’ils équivalent à une combinaison de signes primitifs. Les mots de la première catégorie sont ce que nous appelons des racines logiques.