tous les calculs algébriques où entre le rapport dont il s’agit, et qu’il permet de rejeter à la fin des calculs les opérations arithmétiques qui porteraient sur la valeur numérique de ce rapport : ce qui rend bien plus facile l’appréciation de l’erreur commise, d’après le degré d’approximation de la valeur numérique. Mais le principal avantage de l’emploi d’un tel signe tient à ce qu’il arrive fréquemment qu’en entrant dans l’expression des quantités que l’on compare, il n’entre pas dans l’expression de leurs rapports, et disparaît ainsi du résultat final que l’on a en vue. La surface d’une sphère d’un mètre de rayon et la surface d’un grand cercle de cette sphère sont deux quantités qu’on ne peut exprimer exactement en nombres, parce que dans l’expression de l’une ou de l’autre entre le nombre pi, nombre transcendant, comme disent les géomètres, et qu’on ne peut définir ou exprimer exactement en chiffres. Mais la première grandeur est tout juste le quadruple de la seconde ; et la transcendance, qui se trouve dans l’une et dans l’autre, ne se trouve pas dans le rapport de l’une à l’autre.
De même, des termes dont l’acception ne peut pas être, ou du moins n’a pas été jusqu’à présent nettement circonscrite, ne laissent pas que de circuler dans le discours avec l’indétermination qui y est inhérente et avec avantage pour le mouvement et la manifestation de la pensée. Prenons pour exemple le mot de nature, entendu dans le sens actif (natura naturans, comme on disait dans le style de l’école) : on ne peut tenter d’en fixer rigoureusement l’acception sans résoudre, par la foi religieuse ou autrement, le plus haut problème de philosophie transcendante ; et pourtant il est évident qu’on ne peut se dispenser de l’employer, dans la science aussi bien que dans la conversation familière. Partout cette chaîne de finalité mystérieuse, dont nous ne pouvons démontrer scientifiquement ni l’origine ni le terme, nous apparaît comme un fil conducteur, à l’aide duquel l’ordre s’introduit dans les faits observés, et qui nous met sur la trace des faits à rechercher (71). Qu’il faille recourir, pour expliquer l’harmonie générale du monde, ou telle harmonie particulière, à l’intervention des causes finales, au principe des réactions mutuelles ou à celui de l’épuisement des combinaisons fortuites, nous n’en avons