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le profil ou, comme disent les géomètres, la courbe génératrice, et que l’unique question est de savoir pourquoi tel profil, plutôt que tel autre, nous plaît et nous semble beau. Si donc nous consultons ceux qui ont traité à fond du sujet, nous trouvons qu’après qu’on a écarté toutes les formes vulgaires, dans l’emploi desquelles on n’a eu en vue que la confection d’un ustensile, sans aucune prétention de satisfaire aux conditions de la beauté plastique, les formes qui restent se rangent naturellement sous un assez petit nombre de types spécifiques, déterminés chacun par les combinaisons d’un très-petit nombre d’éléments et par des rapports simples entre leurs dimensions principales. On peut se représenter le système de ces conditions comme déterminant, pour chaque type ou espèce, un système de points par lesquels la courbe du profil est assujettie à passer, et qu’ensuite le goût du dessinateur doit relier par un trait continu qui achève de déterminer le profil du vase, et qui lui imprime, pour ainsi dire, son cachet d’individualité. Or, nous comprenons que, pour répondre à l’idée que l’on doit se faire de la perfection de l’objet considéré, il faut 1° que sa forme annonce clairement l’usage auquel il peut être approprié, lors même qu’en réalité il ne devrait servir que d’ornement et comme simulacre de la chose plutôt que comme la chose même ; 2° que les conditions physiques résultant de ce même usage, par exemple les conditions de stabilité, soient évidemment satisfaites ; 3° que la subordination des parties accessoires aux parties principales ressorte nettement de leur mode d’association et de leurs dimensions relatives ; 4° qu’entre les divers rapports propres à satisfaire aux conditions précédentes on choisisse de préférence les rapports les plus simples qui plaisent davantage, non-seulement parce que notre esprit les saisit mieux, mais parce que la raison est choquée d’une complication inutile, en vertu du même principe qui fait qu’elle s’offense d’un défaut