distribuées dans les espaces célestes, à des distances comparables à celles qui séparent les étoiles appartenant à des groupes différents. Tout cela est géométriquement possible, mais n’est pas physiquement admissible. Une fois convaincus qu’il s’agit d’un groupement réel des étoiles dans les espaces célestes, et non pas seulement d’un groupement apparent sur la sphère céleste, nous repousserons encore l’idée que ce rapprochement soit dû à un hasard d’une autre sorte, et nous croirons que des liens de solidarité quelconques existent entre les étoiles d’un même groupe ; que, par exemple, les étoiles du groupe A ne se trouveraient pas ainsi condensées, si les causes qui ont déterminé pour chacune le lieu qu’elle occupe ne dépendaient par les unes des autres, plus qu’elles ne dépendent des causes qui ont opéré la distribution des étoiles dans le groupe B ou dans les autres groupes. Après que l’étude télescopique du ciel aura donné cette notion d’amas d’étoiles, et d’amas non fortuits ou de constellations naturelles, on pourra reconnaître (comme l’a fait encore Herschell) que les étoiles les plus brillantes, qui nous offrent l’apparence d’une dissémination irrégulière sur la sphère céleste, forment très-probablement avec notre Soleil un de ces groupes ou l’une de ces constellations naturelles : celle dont la richesse et l’immensité suffisent, et au delà, à l’imagination des poètes, mais qui s’absorbe à son tour dans une autre immensité que révèle l’étude scientifique du monde. Remarquons maintenant (et ceci est un point bien essentiel) que l’esprit conçoit sans peine une infinité de nuances entre la dissémination complètement irrégulière et fortuite, celle qui ne permettrait d’établir que des groupes purement artificiels ; et l’accumulation en groupes bien tranchés, parfaitement isolés, très-distants les uns des autres : laquelle, ne pouvant être considérée comme fortuite, et accusant au contraire l’existence d’un lien de solidarité entre les causes sous l’influence desquelles chaque individu a pris sa place, nous donne l’idée de systèmes parfaitement naturels. Il y a des nuances sans nombre entre ces états extrêmes, parce que les liens de solidarité peuvent aller en se resserrant ou en se relâchant graduellement, et parce que
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