connaissance serait impossible pour les phénomènes de cet ordre. Il y a vraisemblablement une multitude de faits moraux et intellectuels, comme de faits physiologiques, qui passent inaperçus, qui sont hors du domaine de la connaissance, précisément parce qu’il n’y a pas lieu, en ce qui les concerne, de distinguer un sujet ou une faculté qui perçoit d’avec un objet ou une faculté perçue. D’où vient ce pouvoir de l’homme intérieur, de se poser comme objet de connaissance à lui-même, pouvoir senti de tous, qui n’apparaît d’abord qu’à l’état rudimentaire, mais qui se fortifie et se développe à la manière des autres puissances de la vie, et à la désignation duquel toutes les langues ont affecté des expressions métaphoriques ? C’est peut-être là un des plus impénétrables mystères de la nature humaine : c’est du moins une des questions les plus obscurément traitées par les philosophes modernes, mais dont heureusement la solution n’est pas indispensable pour le but que nous nous proposons. Le peu que nous aurions à en dire trouvera plus naturellement sa place dans le chapitre où nous traiterons de la psychologie, et de la valeur des procédés d’investigation scientifique à l’usage des psychologues.
Page:Cournot - Essai sur les fondements de nos connaissances.djvu/26
Cette page n’a pas encore été corrigée