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la géométrie s’appliquent. Les idées de combinaison, d’ordre, de symétrie, d’égalité, d’inclusion, d’exclusion, etc., ne revêtent pas seulement des formes géométriques ou algébriques ; et certaines propriétés des figures ou des nombres, qui tiennent à telle espèce d’ordre, à tel mode de combinaison ou de symétrie, ont leur cause ou raison d’être dans une sphère d’abstractions supérieures à la géométrie et au calcul (143). Par exemple, l’idée d’inclusion, ou celle du rapport du contenant au contenu, se retrouve en logique où elle sert de fondement à la théorie du syllogisme ; quoique le mode selon lequel l’idée générale contient l’idée particulière, soit bien différent du mode suivant lequel une quantité ou un espace contiennent une autre quantité ou un autre espace. L’idée de force ou de puissance active est bien plus générale que l’idée de force motrice ou mécanique ; et un jour viendra peut-être où, conformément encore aux indications de Leibnitz, on tentera l’ébauche de cette dynamique supérieure dont les règles, jusqu’ici confusément entrevues, contiendraient dans leur généralité celles de la dynamique des géomètres et des mécaniciens, ou du moins celles d’entre ces dernières qui ne tiennent pas à des conditions exclusivement propres aux phénomènes mécaniques, en tant qu’elles se rattachent aux propriétés spéciales et aux caractères exclusifs des idées d’espace, de temps et de mouvement. Ces adages reçus également en physique, en médecine, en morale, en politique : « toute action entraîne une réaction ; -on ne s’appuie que sur ce qui résiste », et d’autres semblables, sont autant de manières d’exprimer certaines règles de cette dynamique que nous qualifions de supérieure, parce qu’elle gouverne aussi bien le monde moral que le monde physique, et sert à rendre raison des phénomènes les plus délicats de l’organisme, comme des mouvements des corps inertes.