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nous induit point en erreur ; que les étoiles sont bien rapportées par nous à leurs véritables lieux optiques, après que nous avons tenu compte de la déviation causée par l’interposition de l’atmosphère, et de quelques autres perturbations provenant des mouvements dont la terre est animée, lesquelles sont elles-mêmes soumises à des lois régulières que la théorie parvient à démêler. Les anomalies très-petites que les observations ainsi redressées peuvent encore offrir sont mises avec raison (44) sur le compte des erreurs inhérentes à toute opération de mesure, faite avec des sens et des instruments d’une perfection bornée. Si elles ne se compensent pas avec une approximation d’autant plus grande que les observations qu’elles affectent seront accumulées en plus grand nombre, elles accuseront l’existence d’une cause constante d’erreur ou d’un vice, soit dans les instruments employés, soit dans les organes mêmes ou dans les habitudes de l’observateur (telle que serait une disposition constante à une estime un peu trop forte ou un peu trop faible, soit dans l’opération même de la mesure des grandeurs angulaires, soit dans l’opération de la lecture sur le limbe des instruments). Enfin si les anomalies dont nous parlons ne disparaissent pas sensiblement quand on établit la compensation entre les mesures prises par un grand nombre d’observateurs placés dans des circonstances variées, elles accuseront effectivement une cause constante d’erreur, et partant une imperfection qui tient à la constitution même de l’espèce ; imperfection d’autant moins surprenante qu’en général la nature, tout en satisfaisant aux conditions d’harmonie requises pour le maintien de son plan et la conservation de ses ouvrages, ne semble pas s’assujettir à y satisfaire avec une précision mathématique, et, tout au contraire, semble avoir une disposition constante à admettre des tolérances et des écarts dont au surplus la raison se rend compte (ainsi qu’on l’a vu dans le précédent chapitre) par les explications mêmes qu’on peut donner de l’ordre et de l’harmonie du monde.

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La comparaison que nous venons d’emprunter à la physique peut être reproduite sous une forme un peu différente et qui a ses avantages particuliers. Supposons donc qu’au lieu de voir les objets directement, nous n’ayons en face de nous qu’un miroir qui nous en renverrait les images. C’est