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sont en elles-mêmes et indépendamment de leurs rapports avec l’être intelligent, il est incontestable qu’on ne peut plus rien conclure de l’action des principes généraux qui président à l’harmonie de la création, pas plus que Descartes n’était autorisé à s’appuyer en pareil cas sur le principe de la véracité de Dieu : car, s’il est évident que Dieu n’a pas pu nous tromper dans les règles qu’il a imposées à notre intelligence pour la conduite de nos actions, de quel droit affirmer qu’il a dû nous donner des règles infaillibles pour pénétrer dans des vérités absolues dont la connaissance n’importe pas à l’accomplissement des destinées qu’il nous a faites ? Il faut donc recourir à d’autres principes pour la discussion critique de la valeur de nos idées, en tant qu’il s’agit de spéculation et non de pratique : ce sont ces principes que nous allons entreprendre d’indiquer, en demandant grâce pour l’aridité des explications techniques. La question en vaut la peine, soit que l’on croie à la possibilité d’une solution, soit qu’on n’ait en vue que de rapprocher des systèmes qui ont tant occupé l’esprit humain.