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champs où se tenoient Daphnis et Chloé, pour ce qu’il y avoit, ce leur sembla, belle plaine à courir le lièvre. Or n’avoient-ils plus de corde pour attacher leur bateau, et à cette cause prirent du franc osier vert, le plus long qu’ils purent finer, le tordirent et en firent une hart, dont ils lièrent leur bateau à terre, puis lâchant leurs chiens, se mirent à chasser et tendirent leurs toiles aux passages qu’ils trouvèrent plus à propos. Ces chiens en courant çà et là, et aboyant, effrayèrent les chèvres de Daphnis, lesquelles abandonnèrent incontinent les coteaux, et s’enfuirent vers la marine, là où ne trouvant rien à brouter parmi le sable, aucunes plus hardies que les autres s’approchèrent du bateau, et rongèrent la hart d’osier vert dont il étoit attaché.

La mer étoit un peu émue d’un vent de terre qui se levoit ; le bateau une fois délié, les vagues le poussèrent, l’éloignèrent du bord et le portoient en mer ; de quoi les