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fournir à leurs repas. S’il leur falloit quelque chose plus, ils l’achetoient au prochain village, payant le prix et au-delà. Il ne leur falloit que le pain et le vin, et le logis aussi ; car ils ne trouvoient pas qu’il fût sûr, étant la saison de l’automne, de coucher en mer, et à cette cause ils tiroient la nuit leur bateau à terre, peur de la tourmente pendant qu’ils dormoient.

Mais quelque paysan de là entour ayant affaire d’une corde dont on suspend la meule à presser le raisin, étant la sienne par aventure usée ou rompue, s’en vint de nuit au bord de la mer, et trouvant le bateau sans garde, délia la corde qui le lioit, l’emporta en son logis et s’en servit à son besoin. Le matin ces jeunes gens cherchèrent par-tout leur corde ; mais nul ne confessoit l’avoir prise : par quoi, après qu’ils eurent un peu querellé avec leurs hôtes, ils tirèrent outre, et ayant fait environ deux lieues, vinrent aborder à ces