Page:Courier Longus 1825.djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.

grande et grosse roche creuse par le dedans, toute ronde par le dehors, et dedans y avoit les figures des Nymphes, taillées de pierre, les pieds sans chaussure, les bras nus jusques aux épaules, les cheveux épars autour du col, ceintes sur les reins, toutes ayant le visage riant et la contenance telle comme si elles eussent ballé ensemble. Du milieu de la roche et du plus creux de l’antre sourdoit une fontaine, dont l’eau, qui s’épandoit en forme de bassin, nourrissoit là au devant une herbe fraîche et touffue, et s’écouloit à travers le beau pré verdoyant. On voyoit attachées au roc force seilles à traire le lait, force flûtes et chalumeaux, offrandes des anciens pasteurs.

En cette caverne une brebis, qui naguères avoit agnelé, alloit si souvent, que le berger la crut perdue plus d’une fois. La voulant châtier, afin qu’elle demeurât au troupeau, comme devant, à paître avec les autres, il coupe un scion de franc osier,