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mant, tout fut submergé. Les gens plongés en la mer revinrent bientôt sur l’eau, mais non pas tous avec même espérance de salut. Car les brigands avoient leurs épées au côté, leurs corselets au dos, leurs bottines à mi-jambe, tandis que Daphnis étoit tout déchaux, comme celui qui ne menoit ses chèvres que dans la plaine, et quasi nu au demeurant ; car il faisoit encore chaud. Eux donc, après avoir duré quelque temps à nager, furent tirés à fond et noyés par la pesanteur de leurs armes ; mais Daphnis eut bientôt quitté si peu de vêtements qu’il portoit, et encore se lassoit-il à force, n’ayant coutume de nager que dans les rivières. Nécessité toutefois lui montra ce qu’il devoit faire. Il se mit entre deux vaches, et se prenant à leurs cornes avec les deux mains, fut par elles porté sans peine quelconque, aussi à son aise comme s’il eût conduit un chariot. Car le bœuf nage beaucoup mieux, et plus long-temps que ne fait l’homme ; et n’est animal au monde qui