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bord de la mer, joue cet air que j’appris à Daphnis et qu’il t’a montré. Au demeurant laisse faire ma flûte et mes bœufs sur le vaisseau. Je te la donne, cette flûte, de laquelle j’ai gagné le prix contre tant de bergers et bouviers ; et pour cela, seulement, je te prie, baise-moi avant que je meure, pleure-moi quand je serai mort, et à tout le moins, lorsque tu verras vacher gardant ses bêtes aux champs, aie souvenance de moi. »

Dorcon achevant ces paroles et recevant d’elle un dernier baiser, laissa sur ses lèvres, avec le baiser, la voix et la vie en même temps. Chloé prit la flûte, la mit à sa bouche, et sonnant si haut qu’elle pouvoit, les vaches qui l’entendent reconnoissent aussitôt le son de la flûte et la note de la chanson, et toutes d’une secousse se jettent en meuglant dans la mer ; et comme elles prirent leur élan toutes du même bord, et que par leur chute la mer s’entrouvrit, l’esquif renversé, l’eau se refer-