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mêmes se laissoient tomber enamourées, que le soleil amant de beauté faisoit chacun dépouiller. Daphnis de toutes parts échauffé se jetoit dans les rivières, et tantôt se lavoit, tantôt s’ébattoit à vouloir saisir les poissons, qui glissant dans l’onde se perdoient sous sa main ; et souvent buvoit, comme si avec l’eau il eût dû éteindre le feu qui le brûloit. Chloé, après avoir trait toutes ses brebis, et la plupart aussi des chèvres de Daphnis, demeuroit long-temps empêchée à faire prendre le lait et à chasser les mouches, qui fort la molestoient, et les chassant la piquoient ; cela fait, elle se lavoit le visage, et, couronnée des plus tendres branchettes de pin, ceinte de la peau de faon, elle emplissoit une sébile de vin mêlé avec du lait, pour boire avec Daphnis.

Puis quand ce venoit sur le midi, adonc étoient-ils tous deux plus ardemment épris que jamais, pource que Chloé, voyant en Daphnis entièrement nu une beauté de tout