marquer dans le volume l’endroit du supplément, j’y mis une feuille de papier, sans m’apercevoir qu’elle étoit barbouillée d’encre en-dessous. Ce papier s’étant collé au feuillet, y fit une tache qui couvroit quelques mots de quelques lignes. M. Furia a écrit en prose poétique l’histoire de cet évènement. C’est, à ce qu’on dit, son meilleur ouvrage ; c’est du moins le seul qu’on ait lu. Il y a mis beaucoup du sien, tant dans les choses que dans le style ; mais le fond en est pris de la Pharsale et des tragédies de Sénèque.
J’avoue que ce malheur me parut fort petit. Je ne savois pas que ce livre fût le Palladium de Florence, que le destin de cette ville fût attaché aux mots que je venois d’effacer : j’aurois dû cependant me douter que ces objets étoient sacrés pour les Florentins, car ils n’y touchent jamais. Mais enfin, je ne sentis point mon sang se glacer ni mes cheveux se hérisser sur mon front ; je ne demeurai pas un instant sans voix, sans pouls et sans haleine. M. Furia prétend que tout cela lui arriva ; mais moi, je le regardois bien