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fût bien aisément caché. Dorcon se musse là dedans entre ces épines, attendant l’heure que les bêtes vinssent boire ; et avoit bonne espérance qu’il effrayeroit Chloé sous cette forme de loup, et la saisiroit au corps pour en faire à son plaisir.

Tantôt après elle arriva. Elle amenoit boire les deux troupeaux, ayant laissé Daphnis coupant de la plus tendre ramée verte pour ses chevreaux après pâture. Les chiens qui leur aidoient à la garde des bêtes suivoient ; et comme naturellement ils chassent mettant le nez par-tout, ils sentirent Dorcon se remuer voulant assaillir la fillette : si se prennent à aboyer, se ruent sur lui comme sur un loup, et l’environnant qu’il n’osoit encore, tant il avoit de peur, se dresser tout-à-fait sur ses pieds, mordent en furie la peau de loup, et tiroient à belles dents. Lui, d’abord honteux d’être reconnu, et défendu quelque temps de cette peau qui le couvroit, se tenoit tapi contre terre dans le hallier, sans dire mot ; mais