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trement ne pouvoit, la première fois qu’il la trouveroit seule à seul, mettre la main sur Chloé. Pour à quoi parvenir, s’étant avisé qu’ils menoient l’un après l’autre boire leurs bêtes, Chloé un jour, et Daphnis l’autre, il usa d’une finesse de jeune pâtre qu’il étoit. Il prend la peau d’un grand loup qu’un sien taureau, en combattant pour la défense des vaches, avoit tué avec ses cornes, et se l’étend sur le dos, si bien que les jambes de devant lui couvroient les bras et les mains, celles de derrière lui pendoient sur les cuisses jusqu’aux talons, et la hure le coiffoit en la forme même et manière du cabasset d’un homme de guerre. S’étant ainsi fait loup tout au mieux qu’il pouvoit, il s’en vient droit à la fontaine, où buvoient chèvres et brebis après qu’elles avoient pâturé. Or étoit cette fontaine en une vallée assez creuse, et toute la place à l’entour pleine de ronces et d’épines, de chardons et bas genevriers, tellement qu’un vrai loup s’y