Page:Courier Longus 1825.djvu/275

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’instruction à qui veut réfléchir, admirez en ceci la doctrine du pouvoir ; les calomnies s’impriment, mais la réponse, non. Chacun peut bien dire au public dans les pamphlets, dans les journaux, Paul-Louis est un voleur ; mais il ne faut pas que celui-ci puisse parler au même public, et montrer qu’il est honnête homme. Le ministre évoque l’affaire à son cabinet, où lui seul en décidera, et fera Paul-Louis honnête homme ou fripon, selon qu’il croira convenir au service de Sa Majesté, selon le bon plaisir de Son Altesse Impériale Madame Bacciocchi.

Paul-Louis, bien empêché, récrivit au préfet : « Monsieur, j’ignorois qu’il fallût votre permission pour imprimer mon petit mémoire justificatif ; mais puisqu’elle m’est nécessaire, je vous supplie de me l’envoyer. » Il n’eut point de réponse et l’avoit bien prévu. Heureusement il se souvint d’un pauvre diable d’imprimeur nommé Lino Contadini, qui demeuroit près de la Sapience, n’imprimoit que des almanachs, et devoit être peu en règle avec la nouvelle censure. Il va le trouver, et lui dit : « Or sù, presto, sbrighiamola, e si stampi questa cosa per l’eccellentissimo signor prefetto di pulizia ; » c’est-à-dire : Vite, qu’on imprime ceci pour monseigneur excellentissime préfet de police (ou de propreté, car c’est le même mot en italien). À quoi le bon homme répondit : « Padron mio rive-