Page:Courier Longus 1825.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le sommeil. » Ainsi disoit et soupiroit la dolente jouvencelle, cherchant en soi-même que c’étoit d’amour, dont elle sentoit les feux, et si n’en pouvoit trouver le nom.

Mais Dorcon, ce bouvier qui avoit retiré de la fosse Daphnis et le bouc, jeune gars à qui le premier poil commençoit à poindre, étant jà dès cette rencontre féru de l’amour de Chloé, se passionnoit de jour en jour plus vivement pour elle, et tenant peu de compte de Daphnis qui lui sembloit un enfant, fit dessein de tout tenter, ou par présents, ou par ruse, ou à l’aventure par force, pour avoir contentement, instruit qu’il étoit, lui, du nom et aussi des œuvres d’amour. Ses présents furent d’abord, à Daphnis une belle flûte ayant ses cannes unies avec du laiton au lieu de cire, à la fillette une peau de faon toute marquetée de taches blanches, pour s’en couvrir les épaules. Puis croyant par de tels dons s’être fait ami de l’un et de l’autre, bientôt