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et conter de propos d’amour, pensant avoir bien de quoi justifier sa passion, lui répondit d’assez bon sens : « Celui qui aime, ô mon cher maître, ne se soucie point de tout cela ; ains n’y a chose au monde, pourvu que beauté s’y trouve, dont on ne puisse être épris. Tel a aimé une plante, tel un fleuve, tel autre jusqu’à une bête féroce, et si pourtant, quelle plus triste condition d’amour que d’avoir peur de ce qu’on aime ? Quant à moi, ce que j’aime est serf par le sort, mais noble par la beauté. Vois-tu comment sa chevelure semble la fleur d’hyacinthe, comment au-dessous des sourcils ses yeux étincellent ne plus ne moins qu’une pierre brillante mise en œuvre, comment ses joues sont colorées d’un vif incarnat et cette bouche vermeille ornée de dents blanches comme ivoire, quel est celui si insensible et si ennemi d’Amour, qui n’en desirât un baiser ? J’ai mis mon amour en un pâtre ; mais en cela j’imite les Dieux : Anchise