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garçon obéissant, il épia le soir sur la nuit qu’il ramenoit son troupeau au tect, et accourant à lui, le baisa premièrement, puis lui dit qu’il se prêtât à lui en même façon que les chèvres aux boucs. Daphnis fut long-temps qu’il n’entendoit point ce qu’il vouloit dire, et à la fin lui répondit : que c’étoit bien chose naturelle que le bouc montât sur la chèvre, mais qu’il n’avoit oncques vu qu’un bouc saillît un autre bouc, ni que les béliers montassent l’un sur l’autre, ni les coqs aussi, au lieu de couvrir les brebis et les poules.

Non pour cela Gnathon lui met la main au corps comme le voulant forcer. Mais Daphnis le repoussa rudement, avec ce qu’il étoit si ivre qu’à peine se tenoit-il en pieds, le jeta à la renverse, et partant comme un jeune levron, le laisse étendu ayant affaire de quelqu’un pour le relever. Daphnis de là en avant ne s’approcha plus de lui, mais menoit ses chèvres paître tantôt en un lieu, tantôt en un autre, le fuyant